Avant que les projecteurs n’éclairent la scène du hip-hop, avant que les caméras ne s’invitent sur chaque cypher, il y a les battles de quartier, nés entre bitume et bancs publics. À South Bronx, début des années 70, la formule était simple : un micro, une instru, deux égos. Dans cette arène à ciel ouvert, pas question de likes ou de followers. Ici, tout se joue sur le flow, l’attitude et surtout l’audace.
Si Kool Herc, Afrika Bambaataa et Grandmaster Flash sont des légendes, peu de gens se rappellent que les premiers MC’s se jaugeaient à la force de la rime à la sortie des fêtes de quartier. Le battle, c’est la compète sans code officiel, une confrontation où ce ne sont ni la notoriété ni la technique pure qui priment, mais la vibe et la vérité du moment. Il suffit de lire “Can’t Stop Won’t Stop” de Jeff Chang pour comprendre à quel point ces affrontements verbaux ont forgé l’identité et la crédibilité des pionniers, longtemps avant la hype et le merchandising.
On n’exagère rien : sans battle, pas de hip-hop. Tout est parti de là. La scène est devenue globale, mais c’est autour de ces joutes lyriques, dans les cours d’immeubles de Paris, dans les parcs d’Alger ou sur les parkings de Tokyo, que le hip-hop conserve son ancrage le plus brut, le plus authentique.