Si la mixtape pouvait être un patchwork, souvent improvisé, l’album demande une démarche plus “pro”, plus polish. Mais une question plane : ce passage implique-t-il toujours plus de formatage ?
Dans l’histoire du rap, certains ont joué à fond la carte de l’expérimental même après le passage à l’album. Kanye West, pour son premier LP The College Dropout, a réussi à garder une liberté folle, tout en imposant une patte sonore innovante et inattendue (samples gospel, storytelling introspectif).
Cependant, la réalité du marché pousse souvent à des compromis : morceaux plus courts (plus streamables), refrains plus mélodiques, featurings pensés pour les playlists. En France, c’est la différence entre les mixtapes de SCH et la production léchée de A7 et Rooftop (souvent cités dans le top des meilleures ventes en 2020, Snep).
Il arrive d’ailleurs que des artistes fassent le chemin inverse : après son album “L.E.F.” en 2015, Laylow a sorti “Raw-Z”, une mixtape plus brute, prouvant que ce n’est qu’une étape, pas une fin en soi. Un autre exemple, Tyler, The Creator, dont la mixtape “Bastard” (2009) était ultra DIY, puis l’album IGOR (2019), qui reçoit un Grammy mais ne renonce jamais à la prise de risque.