Impossible de parler de l’ADN du hip-hop sans évoquer la mixtape. C’est le format qui a permis aux voix anonymes de sortir des blocs et de conquérir le quartier, puis la planète. Dès les années 90, des pionniers comme DJ Drama ou DJ Clue pirataient l’industrie avec des cassettes bourrées de freestyles, de remixes et d’inédits. Dans le Bronx, à Atlanta, à Houston, la mixtape c’est la carte d’identité du MC. Elle impose un style, impose une voix dans la rue, sans passer par les majors ni attendre un feu vert.
Au début des années 2000, l’explosion est massive : 50 Cent doit sa percée à sa série “Guess Who’s Back?” et surtout “50 Cent Is the Future”, distribuée main à main, jusqu’à aller squatter les clubs strip de Queens. Pareil pour Wayne avec sa série Dedication et Drought (source : Vulture). Les mixtapes sont gratuites, circulent vite, captent l’oreille des plus influents et créent une émulation : chacun veut avoir la sienne, la plus marquante, la plus créative, la plus crue.
- 50 Cent a écoulé plus de 2 millions de mixtapes avant même son premier album – Get Rich or Die Tryin’ (chiffres GQ Magazine)
- Chance The Rapper a gagné 3 Grammy Awards avec sa mixtape “Coloring Book” (2016), sans label, distribuée uniquement en streaming
- Les mixtapes, via DatPiff ou LiveMixtapes, ont généré des millions de téléchargements (DatPiff : plus de 15 millions d’utilisateurs mensuels au pic en 2015)
La mixtape, c’est le laboratoire du style, le média du direct. Pas de passage radio, pas de promo formatée : juste le rap, tel qu’il résonne dans la rue. C’est ça qui fait grimper les talents bruts.